Le deuil chez les tout-petits (Partie 2 - Stratégies d'accompagnement)

Le 4 juillet 2017



Accompagner un enfant faisant face à la mort d'un proche soulève beaucoup de questions et d'émotions chez la plupart d'entre nous.

Dans ce second billet sur le sujet, je vous propose des pistes concrètes d'actions pour bien accompagner un tout-petit endeuillé.

Pour lire la première partie, Le deuil chez les tout-petits (Partie 1 - Mieux le comprendre), cliquez ICI



 

Quoi lui dire et comment l'aider?



En plus de tenir compte de l’unicité du vécu de l’enfant endeuillé, c’est-à-dire de reconnaitre qu’il est le véritable expert de son propre deuil, voici des stratégies à privilégier pour l’accompagner.

L'annonce


Il est essentiel d’aviser l'enfant du décès d'un proche le plus vite possible, en évitant les détours. L'enfant ne devrait pas deviner la mort de la personne, mais bien en être informé. L'annonce devrait être faite à tous les membres de la fratrie en même temps, idéalement par le parent. Les éléments essentiels entourant les circonstances et la cause de la mort devraient être décrits de façon simple et précise. Il importe de vérifier que l’enfant comprend les informations qui lui sont données et les mots nouveaux qui sont utilisés.

Le choix des messages et des mots


En raison de son incapacité de concevoir la mort, le tout-petit a besoin qu'on lui explique clairement que la personne est morte « pour vrai ». Que son corps a cessé de fonctionner, qu'elle ne peut plus souffrir, que son cœur a cessé de battre. Il a besoin qu'on lui dise que la personne ne peut plus sentir, entendre ou toucher, qu'elle ne peut plus bouger ou jouer. Ces explications l'aideront à comprendre que la personne ne reviendra pas et qu'il ne doit pas s'inquiéter pour elle. Il est primordial d'éviter de lui dire que la personne s'est endormie pour toujours, qu'elle est partie en voyage ou qu'elle est au ciel, car ces images peuvent engendrer par exemple la peur de s'endormir, l'attente du retour ou le désir d'aller rejoindre la personne au ciel


 


Les réponses aux questions


Josée Masson, directrice générale de l'organisme Deuil-Jeunesse, affirme que lorsque les enfants endeuillés posent des questions, ils ont besoin de   « CLARTÉ ». Cet acronyme représente leur besoin de calme, de limpidité ou d'honnêteté, d'attention à ce qu'ils cherchent véritablement à comprendre, de rapidité dans le délai de réponse, de tolérance à la répétition des questions et d'exactitude en réponse à leurs questions.  




Les rites funéraires : bienfaits et respect du choix éclairé de l'enfant


Le fait de participer aux rites funéraires peut aider l’enfant à mieux vivre son deuil. En effet, ces rites peuvent contribuer à rendre la mort concrète. Lorsque c'est possible, voir ou toucher le corps de la personne décédée peut aider l'enfant à comprendre l'arrêt du fonctionnement du corps et la réalité de la perte qui survient dans sa vie. Les rites funéraires offrent aussi à l'enfant l'occasion d'exprimer sa peine. De plus, à l'occasion de ces rites, l'enfant peut bénéficier du soutien de sa famille et de sa communauté. Enfin, les rites funéraires peuvent aider l'enfant à donner un sens religieux ou symbolique à la mort. Même le bébé devrait idéalement participer à ces derniers, car plus tard le fait de savoir qu'il y a pris part pourra l'aider dans son processus de deuil.

Le choix final d'assister ou non aux rites funéraires ou de déterminer la façon d'y prendre part doit revenir à l'enfant en mesure d'exprimer un choix.
Ce choix devrait être éclairé, c’est-à-dire que l'enfant devrait être informé le plus clairement et concrètement possible du déroulement prévu avant de prendre sa décision. S'il y assiste, ces explications contribueront à ce que son expérience soit bienfaisante pour lui. S'il choisit de ne pas y assister, il importe de le respecter, de voir à l'intégrer autrement et de répondre d’une autre façon aux besoins auxquels ces rites répondent. 


La stabilité et la sécurité affective 

Le bien-être du tout-petit dépend beaucoup de celui des adultes significatifs qui en prennent soin. Si ces derniers sont également endeuillés, il importe qu'ils reçoivent tout le soutien dont ils ont besoin. De plus, le maintien des habitudes de vie et la poursuite des activités courantes de l'enfant devraient être favorisés le plus possible afin de nourrir chez lui un sentiment de sécurité affective. La poursuite de la fréquentation du service de garde, par exemple, peut être très réconfortante pour l'enfant endeuillé, car il s'agit généralement d'un milieu de vie important pour lui dont le fonctionnement n'est pas altéré à la suite du décès de son proche. 

Avez-vous déjà accompagné un jeune enfant endeuillé ou êtes-vous présentement dans cette situation? Comment l'avez-vous vécu ou comment le vivez-vous? Ces pistes d'action vous semblent-elles justes, réalisables, utiles? Je serais très heureuse de lire vos réactions. Laissez-moi vos commentaires!
Ressources utiles

  • Deuil-Jeunesse : http://www.deuil-jeunesse.com/ - Information et accompagnement des familles et des jeunes qui vivent la mort, la maladie grave d'un proche ou la séparation et autres services destinés à ces clientèles. Formations destinées aux professionnels.
  • Masson, Josée (2010). Mort, mais pas dans mon cœur - Guider un jeune en deuil. Montréal, Les éditions logiques, 340 pages. 
Sources
Prochains billets

  • Les secrets de famille
  • La réalisation de soi: accompagner les ados et les jeunes adultes 
  • Le stress et l'anxiété chez les enfants à l'heure des écrans 
 

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